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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/293

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PAR LES FEMMES.

du duc de Valcerte ; celui-ci s’était vu contraint par la nécessité de vivre et de payer ses dettes, à passer l’anneau conjugal au doigt très peu aristocratique d’une vieille veuve, ex-marchande de nouveautés, riche de plus de soixante millions et qui avait la folie des grandeurs. Elle redora le blason terni du gentilhomme qui en échange, aussitôt franchi le portail de l’église, se mit en devoir de la tromper consciencieusement. Comment d’ailleurs en eût-il été autrement ? Un jeune homme de vingt-huit ans peut-il être fidèle à une femme qui a presque autant d’années que de millions !… Au reste, le noble débauché eût-il été en possession de la plus charmante épouse, sa conduite très probablement eût été la même. C’est ce que se disait maintenant le père Barnesse qui avait bien réfléchi. « Ma foi, je crois que tout est pour le mieux. Le duc n’aurait jamais fait qu’un mari détestable, et cela aurait sans doute très mal fini : car, si j’aime les titres et les honneurs, j’aime encore mieux ma chère fille, et tout duc qu’il est, je n’aurais pas hésité à casser la figure de ce petit brigand, s’il eût trompé sa femme et que sa femme eût été ma fille !… Mon gendre au contraire est le plus correct des gendres, et pour une fois, il n’a