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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/312

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PAR LES FEMMES.

Ce fut pour Jacques un trait de lumière. Victor, son ancien camarade de droit, son ami, qu’il avait perdu de vue depuis si longtemps !… Et c’est comme adversaire politique qu’il le rencontrait aujourd’hui !… Était-ce possible ! Que le sort est fantasque !

Crapulet, mélancoliquement, poursuivit :

— Lui aussi, il a fait son chemin !… Ah ! dame, il n’a pas employé les mêmes moyens que vous !… Il paraît que l’honnêteté, ça réussit encore quelquefois. Seulement, voilà, on court tant de risques. Le chemin que nous avons pris est plus sûr !

Jacques songeait. Tandis que ce lointain passé lui revenait à la mémoire, une tristesse vague l’envahissait. Il se rappelait les soirées chez Mme Adélaïde, Victor et lui ébauchant de beaux rêves pour l’avenir. Il se figurait alors la vie tout autre qu’il l’avait vue. Il était alors plein d’illusions, une sève généreuse bouillonnait dans ses veines. Hélas ! Il était honnête garçon. Une saine émotion était sur le point de briser ce cœur que le temps peu à peu avait endurci. Mais déjà l’orgueil s’en était emparé. Alors, s’écria Jacques, il pose sa candidature. Il ose me braver.