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PAR LES FEMMES.

Ils continuèrent à se frayer un passage dans la foule qui s’épaississait à mesure que l’heure avançait. Tout à coup, il y eut dans cette cohue un remous qui les força de se séparer, et Jacques, entrainé à la dérive, malgré les efforts qu’il faisait pour remonter le courant, perdit bientôt de vue Victor.

Une accalmie se fit, Jacques en profita et se hâta d’atteindre le pourtour, plus calme que le milieu de la salle.

Il se trouva nez à nez avec la femme qui l’avait interpellé : elle était seule cette fois. Elle lui prit familièrement le bras et demanda :

— Sa Majesté est-elle de meilleure humeur ?

Et changeant brusquement de ton :

— Allons, mon bébé, ne fais pas la tête comme ça !… Faut être galant avec les dames. Offre-moi quelque chose, dis : je crève de soif !

Jacques ne put s’empêcher de rire :

— Que je vous offre ? Permettez-moi de vous faire remarquer qu’on n’offre jamais une chose que de plein gré. Or…

— Ta bouche, bébé ! Donne-moi une cigarette.

Elle lui prit celle qu’il avait aux lèvres, en tira deux bouffées et la jeta :