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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/17

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PRÉLIMINAIRES.

toujours admirable à contempler, de quelque côté qu’on la prenne. Tous les dialectes grecs que nous connaissons ont ce caractère. Tous ils ont retenu au moins les qualités principales de cette langue incomparable, si belle et si riche, à la fois souple et forte, capable de tout peindre et de tout expliquer, et qui se prêtait sans effort à tous les besoins et même à tous les caprices de la pensée. Au reste, un grand nombre de ces dialectes ont péri avec les populations qui les parlaient, faute de cette culture littéraire sans laquelle les nations ne sont guère que des ombres qui passent ; plusieurs aussi ne nous ont été révélés que par de rares inscriptions, ou par quelques remarques jetées çà et là à travers les écrits des grammairiens.


Dialectes éolien, dorien, ionien, attique.


On ramenait cette multitude de dialectes à trois types, ou à trois familles distinctes, l’éolien, le dorien et l’ionien.

Les Éoliens proprement dits habitèrent d’abord la plaine qui s’étend au midi du fleuve Pénée, et les contrées voisines jusqu’au golfe Pagasétique. On les trouve aussi établis à Calydon, dans l’Etolie méridionale. Mais, tandis que les Éoliens de l’Etolie se fondent dans d’autres races et disparaissent de l’histoire, on voit au contraire les Éoliens de la Thessalie, qui portaient proprement le nom de Béotiens, émigrer, deux générations après la guerre de Troie, vers le pays qu’on nomma désormais la Béotie, puis couvrir de leurs colonies une partie des côtes et des îles de la mer Égée. C’est dans ce qui reste des poëtes lyriques de Lesbos qu’on peut étudier et saisir les traits qui caractérisent le dialecte éolien. Ce qui frappe dès le premier abord, c’est la singulière concordance de ses formes et de ses terminaisons avec celles de la langue latine. Aussi pense-t-on, et non sans vraisemblance, qu’il est de tous les dialectes grecs le plus ancien, celui qui se rattache le plus immédiatement à la souche commune d’où sont sorties et la langue grecque et la langue latine. Je parle ici de l’éolien pur, de l’éolien de Lesbos, ou du béotien dans sa forme primitive, lequel lui est identique ;