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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/274

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CHAPITRE XVII.

le théâtre de bois même, comme dans les édifices plus solides qui furent construits plus tard non-seulement à Athènes, mais sur presque tous les points de la Grèce proprement dite ou des territoires habités par les Grecs. Les livres des anciens ne fournissent que des renseignements fort incomplets, si l’on s’en tient au texte des descriptions ; mais les débris des théâtres grecs parlent encore aujourd’hui, et servent de commentaires aux obscures indications des écrivains. Nous sommes en état de deviner ce qu’étaient les édifices eux-mêmes, et comment s’y passaient les choses.

Le théâtre était entièrement découvert, et les représentations se faisaient en plein jour. La scène, ou, comme on disait plus exactement, le logéum, le parloir, était une longue plate-forme, qui n’avait qu’une médiocre largeur, et qui présentait un parallélogramme régulier. Les gradins occupés par les spectateurs décrivaient un demi-cercle, et le banc inférieur était au niveau du logéum. L’espace vide entre le logéum et l’amphithéâtre, c’est-à-dire l’orchestre, la place de danse, s’enfonçait un peu au-dessous, et ne contenait pas de spectateurs. C’était comme un prolongement de la scène, car le chœur y faisait ses évolutions. Au point central d’où partaient les rayons du demi-cercle, en avant du logéum, et à l’extrémité d’une ligne qui aurait partagé le parallélogramme en deux portions égales, s’élevait la thymèle, ou, suivant la force du mot, l’autel du sacrifice ; tradition manifeste du vieux temps de la tragédie-dithyrambe. Peut-être continua-t-on, durant de longues années, d’immoler à Bacchus le bouc accoutumé, surtout dans la représentation des pièces tirées de le légende du dieu ; mais à la fin, la thymèle, tout en conservant son nom et sa signification symbolique, avait cessé d’être employée à cet usage, et servait uniquement de lieu de repos aux personnages du chœur. Les simples choreutes restaient debout ou assis sur les degrés de l’autel, lorsqu’ils ne chantaient pas ; et c’est de là qu’ils regardaient l’action à laquelle ils étaient intéressés. Le coryphée, littéralement le capitaine, le chef de la troupe chorale, se tenait dans la partie la plus élevée de la thymèle, observant ce qui se passait dans toute l’étendue de la scène, prenant la parole