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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/511

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AUTRES ÉCRIVAINS DU TROISIÈME SIÈCLE AV. J. C.

à son sujet, de remarquer que Virgile faisait cas de ses ouvrages, puisqu’il parle, dans les Bucoliques, de chants que lui-même composait à la manière du poëte de Chalcis. Mais le rhéteur latin s’est privé de lire les vers d’Euphorion. Cette lecture n’était pas chose très-facile. Le poëte, qui était compatriote de Lycophron, semblait avoir ambitionné, comme Lycophron, le surnom de ténébreux. L’espèce d’épopée où Euphorion avait raconté les traditions de l’Attique ancienne partageait, avec l’Alexandra, l’honneur d’être impénétrable au vulgaire, et obscure même pour de consommés mythologues. Il est probable que ce n’est point là ce qui valait à Euphorion l’estime de Virgile, et qu’il y avait, parmi ses poëmes de diverses sortes, des productions un peu moins savantes et un peu plus humaines ; mais il est douteux qu’un poëte épique aussi détestable que l’auteur des Mélanges (c’était le titre de l’épopée d’Euphorion) ait été autre chose, dans aucun genre, qu’un modèle assez peu digne d’être imité.


Hermésianax, etc.


Il reste d’Hermésianax de Colophon un fragment d’élégie amoureuse qui n’est pas sans quelque valeur poétique. C’est une revue spirituelle et piquante de tous les poëtes et de tous les sages fameux, depuis Homère jusqu’à Philétas, qui s’étaient laissé subjuguer par l’amour.

Tels sont, avec le Chaldéen Bérose, qui avait écrit en grec une histoire de son pays d’après les monuments authentiques, les seuls noms un peu connus que fournisse le catalogue littéraire de ce siècle, en dehors de ceux qui appartiennent à l’Attique, à l’Égypte et à la Sicile. J’en ai passé sous silence un grand nombre ; mais je ne crois pas qu’on me sache mauvais gré de n’avoir rien dit, par exemple, de prétendus poëtes qui avaient imaginé des acrostiches plus ou moins extraordinaires, ou qui arrangeaient la longueur respective des vers d’un poëme de telle façon que l’ensemble présentât la forme de quelque objet, d’un œuf, d’une hache, d’un autel, d’une paire d’ailes, d’une flûte de Pan, etc. Ces sottises métriques n’ont rien de commun avec la poésie.