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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/527

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CONTEMPORAINS D’AUGUSTE, ETC.

sur cette côte où tu as abordé, et c’est pour cela que les vaisseaux y périssent. Je vis encore une immense multitude réunie dans la ville : ce n’étaient partout que cris, tumulte étourdissant. Il me semblait que tous ces gens-là se battaient entre eux. Mon conducteur me mena à je ne sais quels magistrats, et leur dit en riant : « Voici l’homme à qui vous m’avez envoyé ; il ne possède rien qu’une cabane avec une solide enceinte de pieux. » Les magistrats partaient en ce moment pour le théâtre ; j’y allai avec eux. Ce théâtre est une sorte d’enceinte qui ressemble à une vallée, avec cette différence que les côtés, au lieu d’être allongés, s’arrondissent en demi-cercle. Ce n’est pas une vallée naturelle ; elle est bâtie en pierres. Mais sans doute tu te ris de moi de te raconter ce que tu connais parfaitement. D’abord la foule s’occupa longtemps à je ne sais quoi : tantôt tout le peuple applaudissait gaiement et avec transport des gens qui étaient là ; tantôt il criait avec indignation et fureur ; sa colère était alors terrible ; aussi ceux qui en étaient l’objet étaient-ils aussitôt frappés d’épouvante : les uns couraient çà et là en demandant merci ; les autres, tout éperdus, jetaient leurs vêtements. Moi-même je faillis une fois tomber de frayeur, étourdi par une clameur semblable à une tempête subite ou à un coup de tonnerre qui aurait éclaté sur ma tête. Puis arrivèrent d’autres gens, qui se mirent à haranguer le peuple. Quelques-uns des spectateurs se levèrent du milieu de la foule, et en firent autant. Les uns ne disaient que quelques mots, les autres faisaient de longs discours. Il y en avait qu’on écoutait longtemps en silence ; d’autres étaient accueillis tout d’abord par des vociférations, etc. »

Quand je dis que l’Histoire Eubéenne est le plus ancien des romans grecs, on entend bien que je ne parle que de ceux qui nous sont parvenus. Je rappellerai plus bas, à propos des romans de Lucien, le peu qu’on sait sur les devanciers de Dion et sur leurs ouvrages.


Philon.


Dion Chrysostome semble s’être proposé de donner au