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Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/589

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ÉCOLE D’ATHÈNES.

m’écrit d’y consentir, à moins que je ne trouve la condition par trop déshonorante. Or, comment ne l’eût-elle pas été, puisqu’elle paraissait l’être à Constance, trop habitué à céder aux caprices des barbares ? Je ne leur donne rien, je marche contre eux ; et, les dieux protecteurs s’étant déclarés pour moi, je soumets les territoires de la nation des Saliens, j’expulse les Chamaves, je m’empare d’une grande quantité de bœufs, de femmes et d’enfants ; enfin j’inspire à tous une si grande terreur, et l’appareil de mon invasion est si redoutable, qu’ils m’envoient sur-le-champ des otages, et qu’ils assurent des vivres à mes soldats. Il serait trop long d’énumérer et de vous raconter en détail tout ce que j’ai fait durant ces quatre années. En voici le résumé. Quand j’eus le titre de César, je traversai trois fois le Rhin, et je ramenai d’au delà de ce fleuve vingt mille prisonniers repris sur les barbares. Deux batailles et un siége me mirent en possession de mille hommes capables de servir et à la fleur de l’âge. J’envoyai à Constance quatre cohortes d’excellents fantassins, trois autres de bons cavaliers et deux légions superbes. Je suis maître en ce moment, grâce aux dieux, de toutes les villes, et j’en pris alors près de quarante. »


Ouvrages de Julien.


La lecture de Julien est sans danger. Ce qui reste de ses écrits contre le christianisme est fort peu de chose, et d’une telle faiblesse, ou plutôt d’une telle puérilité, qu’on a peine à comprendre que des Pères de l’Église aient daigné relever de pareilles attaques. Il n’est pas à craindre qu’aucun Français d’aujourd’hui répudie l’Évangile pour les fictions des poëtes païens, et se mette à offrir des sacrifices aux dieux de l’Olympe. Il n’est guère plus vraisemblable que les deux opuscules sur le Roi Soleil et sur la Mère des Dieux fassent beaucoup d’adeptes au mysticisme alexandrin et à la théurgie d’Iamblique. D’ailleurs ces écrits sont obscurs et peu intéressants. S’il n’y en avait, dans Julien, que de ce fond et de ce style, nous ne parlerions pas de leur auteur. Mais quelles œuvres que le Misopogon et les Césars ! disons mieux : quelles