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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/177

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LA LIBERTÉ ÉCONOMIQUE

mesures protectrices ; il avait supprimé l’agence du commerce et rétabli les relations commerciales entre la France et la Belgique. Sous le Directoire, la situation s’améliora en se stabilisant. Au provisoire et à l’improvisé des débuts, succéda l’introduction progressive des institutions et de l’administration françaises. La suppression du maximum, puis celle des assignats rétablirent les conditions normales de la vie économique. Et peu à peu, à mesure que s’installait l’ordre de choses nouveau, se dévoilèrent les possibilités qu’il offrait au capitalisme et à l’entreprise.

À vrai dire, la Révolution n’eut pas, à proprement parler, de doctrine économique. Son œuvre est essentiellement politique et juridique. Elle a voulu affranchir les hommes du despotisme et du privilège, et il semble qu’elle ait considéré qu’il suffisait, pour les rendre libres, de les rendre égaux en droits. Son ennemi, c’est le privilégié, et elle entend par là le privilégié héréditaire. C’est lui qu’elle stigmatise du nom d’aristocrate, nom aussi odieux à ses adeptes et aussi chargé de malfaisance que celui de « capitaliste » l’est de nos jours parmi les travailleurs socialistes. De socialisme d’ailleurs ou de communisme, on chercherait vainement la trace parmi les jacobins même les plus avancés. Leur but n’est pas la suppression de la propriété, mais sa répartition entre tous. Le travail, accessible à chacun, doit être en même temps imposé à chacun. Plus de citoyens inutiles se bornant à vivre de la fortune acquise. La fortune sera désormais la récompense de tous ceux qui auront assez de talent et d’énergie pour l’acquérir dans une société où plus rien ne subsiste des différences qu’établissaient entre les hommes la naissance ou la corporation. Il suffit que la République ouvre la carrière à tous, qu’elle leur assure l’égalité du point de départ : à eux de se distinguer par leur génie ou leur vertu. La propriété, fruit du travail, apparaît comme un droit naturel, comme une conséquence même de la liberté. Partant, elle est aussi sacrée que celle-ci et le communisme n’est pas moins incompatible avec les droits de l’homme que ne l’était la féodalité.

De toutes les lois républicaines, les plus « bienfaisantes »