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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/195

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L’INDUSTRIE MINIÈRE

paraît comme l’élément primordial de l’essor industriel du pays. La houille devient le combustible par excellence, et son extraction grandit à mesure qu’à la surface du sol l’emploi de la vapeur se répand. Le charbon de terre se substitue de plus en plus largement au bois. À Sart-lez-Spa, en 1817, le Conseil communal constate que l’exploitation des forêts a presque cessé depuis que les teinturiers de Verviers se servent de houille pour chauffer leurs cuves[1]. Ici comme partout la demande stimule l’offre. Un champ démesurément extensible s’offre à l’entreprise et elle s’empresse de perfectionner et d’élargir ses moyens de production. Dès 1807, la machine à vapeur commence à être employée pour la manœuvre des « bennes » ; les galeries des mines sont pourvues de rails et de wagonnets ; des chevaux sont descendus dans les bures. D’année en année les stocks de charbon sont plus abondants. Le prix du combustible diminue à mesure que la quantité s’en accroît et le bon marché stimule la création d’industries nouvelles qui, à leur tour, exercent leur répercussion sur la prospérité des houillères. Il en est ainsi par exemple de la fabrication du gaz d’éclairage, découvert en 1784 par Minkelers, et qui, aux environs de 1810, est employé dans les ateliers d’usine. Aussi les mines s’approfondissent-elles d’année en année et poussent-elles toujours plus loin leurs galeries. Les accidents qui s’y produisent donnent la preuve funèbre de leur extension. En 1811, un « coup de feu » fait trente-cinq victimes à la houillère de Marihaye ; un autre, à celle de Massillon, coûte la vie à treize ouvriers. L’histoire industrielle commence à avoir ses martyrs : elle a aussi ses héros. Le préfet de l’Ourthe signale à la bienveillance du ministre un enfant dont le courage à sauvé la vie d’une cinquantaine d’hommes[2], et la mémoire s’est conservée du dévouement de Hubert Goffin qui, en 1812, à la mine de Beaujonc, enseveli avec ses compagnons par un éboulement, les a ramenés au jour.

À côté des houillères qui fournissent le pain de l’industrie,

  1. Mémoire conservé aux Archives communales de Sart-lez-Spa.
  2. J’emprunte ces détails à la Correspondance du Préfet de l’Ourthe, conservée aux Archives de l’État à Liège.