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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/235

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LES OPÉRATIONS MILITAIRES EN 1814

et de Luxembourg ont été renforcées. Macdonald occupe la vallée de la Meuse de Namur à Liège. Maison lui-même, avec 30,000 hommes, est chargé de manœuvrer de façon à empêcher le blocus d’Anvers, pivot de la résistance. Le vieux Carnot vient de solliciter le commandement de la place, se résignant à servir l’Empire pour sauver la France et pour lui conserver cette Belgique dont son génie militaire a jadis assuré l’annexion à la République. Mais le désarroi fait d’effrayants progrès. On sent que la partie est perdue et l’attitude des autorités ne laisse que trop apparaître leur découragement. Les sénateurs Monge et Doulcet de Pontécoulant, envoyés à Liège et à Bruxelles pour ranimer l’esprit public, le démoralisent davantage encore par leur timidité et leur inertie craintive. Si quelques préfets donnent un bel exemple d’énergie, comme Savoye-Rolin à Anvers, et Roggieri à Maestricht, si à Gand Desmousseaux fait afficher sur les murs que la France ne renoncera jamais aux Pays-Bas, il est visible que la plupart des fonctionnaires se préparent à lâcher pied.

Les combats qui, dès le mois de janvier 1814, se déroulent en Campine, marquent les étapes de l’avance des Prussiens. Le 13, ils sont à Merxem, le 31, à Lierre, et le 1er février, pendant que les Français évacuent Gand, leur avant-garde occupe Bruxelles. À cette date, Macdonald, reculant devant Winzingerode qui atteint Liège le 22 janvier, bat en retraite dans la direction de Charleroi où l’ennemi pénètre le 2 février, si bien que Maison, menacé d’être coupé par le sud, est obligé de se concentrer autour de Lille. Les places fortes sont maintenant livrées à elles-mêmes. Un corps anglais, avec les Prussiens de Bulow et les Suédois de Bernadotte, installe le blocus autour d’Anvers, dont la belle résistance provoque à la fois l’admiration des habitants et celle de l’ennemi. Les étonnantes victoires remportées par Napoléon durant la campagne de France laissent un instant entrevoir sa délivrance. À la nouvelle des journées de Champeaubert et de Montmirail, Maison reprend l’offensive. Dès la fin de février il marche vers le Nord, entre à Courtrai, atteint Gand et lie ses communications avec Carnot, pendant que d’heureuses sorties