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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/239

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CHAPITRE PREMIER

LA NOUVELLE BARRIÈRE

I

L’occupation de la Belgique par les alliés en 1814 la replaçait dans une situation identique à celle qu’elle avait connue après la bataille de Ramillies[1]. Pour la seconde fois, l’Europe coalisée par l’Angleterre arrachait à la France ces Pays-Bas dont la possession assurait l’hégémonie sur le continent. La lutte grandiose qu’avait déchaînée leur envahissement en 1792, s’achevait par leur reprise. Les vainqueurs étaient bien résolus à ne pas les abandonner aussi longtemps qu’ils n’auraient pas décidé de leur sort. Leur droit d’en disposer découlait de la conquête et devait être déterminé par leur intérêt. Plus que jamais au sortir de cette crise formidable, c’étaient des raisons d’équilibre européen qui allaient imposer aux Belges leur destinée. Il ne pouvait être question ni de les consulter, ni, s’ils parlaient, de les entendre.

Évidemment les généraux, les généraux prussiens surtout, qui avaient dirigé l’invasion, eussent été bien aises de les voir coopérer avec eux et faciliter les opérations militaires. Le 9 décembre 1813, Bülow avait lancé d’Utrecht une

  1. Histoire de Belgique, t. V, 2e édit., p. 109 et suiv.