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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/251

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PROJETS DES ALLIÉS SUR LA BELGIQUE

Sa mission prit fin dès que les puissances se furent mises d’accord sur la réunion de la Belgique et de la Hollande. Il quitta Bruxelles le 31 juillet. « La paix disait-il, dans sa dernière proclamation, va consolider le bonheur des Belges et des Bataves… Habitants de la Belgique, l’intérêt général de l’Europe vous assigne un sort inestimable »[1].

II

En 1792, l’invasion de la Belgique avait déterminé l’Angleterre à entreprendre contre la France une lutte qui ne devait cesser que le jour où elle aurait chassé son adversaire d’un pays d’où il la menaçait directement. Plus Napoléon s’acharnait à faire d’Anvers une base d’attaque, plus elle s’obstinait à l’en expulser. C’était là son but de guerre principal. C’est pour y atteindre qu’elle avait si longtemps combattu et si largement prodigué ses trésors à ses alliés, se réservant le droit de leur imposer la solution qu’elle avait préparée en attendant leur victoire et de disposer des Pays-Bas, enfin reconquis, au mieux de ses intérêts.

L’Autriche et la Russie ne l’inquiétaient pas. La première qui, depuis le milieu du XVIIIe siècle, n’avait jamais vu dans la Belgique qu’un territoire d’échange à céder au plus offrant contre la Bavière ou l’Italie[2], avait définitivement fixé son choix sur cette dernière. Elle ne pensait qu’à la Lombardie, et il suffisait de la satisfaire de ce côté pour la désintéresser de provinces qu’elle n’affectait même plus de vouloir conserver. Quant à la Russie, elle n’avait évidemment aucun motif de contrecarrer dans les Pays-Bas les plans de l’Angleterre. Tout au plus devait-elle chercher à lui vendre à bon prix son acquiescement. Mais la Prusse était moins accommodante. Avide d’agrandissements, elle s’était tout de suite établie sur la ligne de la Meuse et paraissait résolue à s’y cramponner.

  1. Journal officiel du gouvernement de la Belgique, t. II, p. 449.
  2. Histoire de Belgique, t. V, 2e édit., p. 222, 231.