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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/265

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LE ROYAUME DES PAYS-BAS ET L’EUROPE

ressembla parfois de bien près à celle d’un client. Le duc de Wellington fut créé prince de Waterloo et une rente perpétuelle, que la Belgique paye encore, fut constituée sur la forêt de Soignes, en faveur de sa maison. L’affectation de se régler en tout sur les désirs de la cour de Londres alla si loin que le public s’en aperçut et s’en amusa. « Voilà le roi qui va faire visite à notre préfet », disaient les Bruxellois quand ils voyaient le carrosse de Guillaume se diriger vers l’ambassade d’Angleterre[1].

Ce n’est pas seulement d’une hypothèque militaire, mais aussi d’une hypothèque politique qu’était grevé le royaume. En acceptant les huit articles, au mois de juillet 1814, Guillaume s’était imposé l’obligation de constituer l’État suivant les vues de ses alliés. Par considération pour eux, il avait à l’avance limité l’exercice de ses droits souverains. Et peut-être n’attachait-il tant de prix à s’intituler roi par la grâce de Dieu que pour dissimuler qu’il ne l’était que par la grâce de l’Europe.




  1. Gedenkstukken 1815-1825, t. I, p 603.