Aller au contenu

Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT

Elle eût suffi aux besoins de la population et, en concentrant sur elle tous les subsides que l’État dut répartir en trois, elle eût offert les conditions les plus favorables au développement scientifique. Telle qu’elle fut cependant, l’œuvre de Guillaume ne laissa pas d’être hautement bienfaisante. C’est à juste titre qu’aujourd’hui encore les armoiries hollandaises ornent les salles académiques de Gand et de Liège. L’ouverture des universités, qui eut lieu au mois d’octobre 1817, demeure une date mémorable de l’histoire intellectuelle de la Belgique, dont l’enseignement supérieur a conservé depuis lors les traits essentiels de leur organisation.

L’enseignement moyen ou secondaire, s’il n’était pas à créer de toutes pièces, fut largement répandu. À la place des deux lycées de Bruxelles et de Liège, le gouvernement créa dans toutes les grandes villes du pays des athénées réglementés et subventionnés par lui. Les collèges libres subsistèrent, mais l’État les soumit à son inspection, prélude d’une emprise plus complète qui, par prudence, fut différée.

Quant à l’enseignement populaire qui croupissait dans « l’abjection », il attira principalement la sollicitude du roi[1]. Le principe de la liberté n’y subit tout d’abord aucune atteinte. Mais tout fut mis en œuvre pour multiplier le nombre des écoles, pour perfectionner leurs méthodes et pour garantir la compétence des instituteurs. Des circulaires enjoignirent aux gouverneurs de surveiller et de stimuler l’instruction populaire, de la conformer autant que possible aux prescriptions de la loi hollandaise, d’imposer aux communes l’entretien d’une école. Déjà les États de la Flandre Orientale adoptaient, le 23 juillet 1817, un règlement scolaire excellent. Et le 3 juin de la même année, un arrêté du gouvernement instituait dans plusieurs villes, sous le nom d’écoles royales, des écoles modèles. À Harlem, s’ouvrit une école normale pour la formation des instituteurs.

Le désir du gouvernement de ranimer en Belgique la vie

  1. Gedenkstukken 1815-1825, t. III, p. 35, 224, 226. Sur la situation de cet enseignement au moment de la fondation du royaume, voy. Keverberg, Du royaume des Pays-Bas, t. I, p. 166 (La Haye, 1834).