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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/41

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DUMOURIEZ

pu compter dans les projets qu’il méditait contre la Convention, et qui lui eût servi au besoin à se ménager un rapprochement avec l’Autriche. Durant son ministère (mars-juin 1792), il avait expédié quantité de militaires à Bruxelles. Il était en rapport avec des hommes de tous les partis, se donnant comme étranger à leurs querelles et n’ambitionnant que l’affranchissement du pays.

Au moment de franchir la frontière, il se fait précéder par des manifestes. Il donne pour instructions à ses généraux de laisser les populations libres de se prononcer à leur guise et de ne point influencer les opinions d’un peuple « qui veut se donner une constitution parce qu’il en a le droit »[1]. Il ne se présente que comme l’ennemi du « tyran autrichien ». Les commissaires de la Convention qui suivent son armée s’arrêtent à Valenciennes pour bien montrer que la France n’entend pas s’imposer à la Belgique. « Nous entrerons incessamment sur votre territoire, proclame-t-il le 28 octobre, pour vous aider à planter l’arbre de la liberté, sans nous mêler en rien de la constitution que vous voudrez vous donner. Pourvu que vous établissiez la souveraineté du peuple et que vous renonciez à vivre sous les despotes, nous sommes vos frères »[2]. Comment pourrait-on douter d’ailleurs de ses intentions, quand on voit marcher dans son armée les régiments belges et liégeois, et le Liégeois Philippe Devaux faire partie de son état-major ?

L’armée autrichienne attendait à Jemappes, sous le commandement de Bender, le choc des républicains. La position avait été soigneusement fortifiée et les avantages du terrain compensaient l’infériorité numérique de ses défenseurs. Il ne paraissait pas douteux que les solides régiments impériaux repousseraient sans peine l’attaque des carmagnoles. On savait maintenant que Valmy n’avait été qu’une simple canonnade et que la dysenterie avait joué le rôle principal dans la retraite de Brunswick. Il serait beau de voir l’Autriche battre

  1. A. Sorel, L’Europe et la Révolution française, t. III, p. 160.
  2. Cruyplants, op. cit,. t. I, p 313.