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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/439

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LE PRINCE D’ORANGE À ANVERS

dont 400 soldats se joignent à leurs compatriotes. Les efforts de Saxe-Weimar pour reprendre la ville, position essentielle à la défense d’Anvers, échouent les 18 et 19 octobre. Menacé vers Waelhem par les bandes de Mellinet qui sortent de Malines, il se résigne à se replier sur Berchem et Borgerhout. Le 24, Mellinet et Niellon l’attaquent à Berchem. Un vif combat s’engage. La mort de Frédéric de Mérode excite le courage des Belges. Le lendemain, les Hollandais se réfugient dans Anvers.

Depuis trois semaines déjà, le prince d’Orange y était arrivé (5 octobre), et pendant que les troupes abandonnaient la Belgique, il s’efforçait de la regagner par la politique. Dans son désarroi, Guillaume avait risqué ce dernier expédient. Puisque les États-Généraux avaient voté le 29 septembre la séparation des deux parties du royaume, il crut qu’en feignant de se rallier à leur avis, une chance lui resterait encore de sauvegarder au moins, en attendant mieux, la situation de la dynastie. Des membres des États l’avaient flatté de l’espoir que les Belges continueraient à le considérer comme leur souverain à condition qu’il leur reconnût l’autonomie[1]. Et sans doute, s’il eût agi ainsi quelques semaines plus tôt, la nation n’eût pas demandé davantage et eût accepté avec reconnaissance ce régime d’union personnelle en quoi s’était tout d’abord résumé son programme. Mais quelle chance y avait-il encore qu’elle consentît à accepter pour roi celui dont elle venait de vaincre l’armée ? Pour que Guillaume se soit décidé à une tentative aussi humiliante que vaine, il fallait qu’il se proposât secrètement de gagner du temps et aussi de dissocier les forces de la révolution en se ralliant ses éléments les plus modérés et en se conciliant l’appui des industriels et des commerçants dont elle bouleversait les affaires[2]. Il ne

  1. Gedenkstukken 1830-1840, t. III, p. 21.
  2. « Le parti du prince d’Orange est nombreux parmi tous ceux qui souffrent par la stagnation complète des affaires ou qui craignent de grandes pertes dans leurs propriétés immobilières ; mais ce ne sont pas là les hommes qui décident de la marche des événements dans une révolution comme celle-ci ». Staedtler, loc. cit., p. 242.