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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/450

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CHAPITRE III

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE ET LE CONGRÈS NATIONAL

I

Une révolution n’a pas le temps de se donner des chefs ; elle suit ceux qui se mettent à sa tête, quitte à les renverser plus tard. Les périls qu’ils courent et les responsabilités qu’ils assument justifient leur usurpation. Ainsi en était-il du Gouvernement provisoire. En réalité, ses membres risquaient leur vie et leur honneur — leur vie, si le roi l’emportait, leur honneur, s’ils se montraient incapables de la tâche dont ils s’étaient chargés.

Cette tâche, ils l’avaient définie eux-mêmes. Elle consistait à créer un « centre général d’opérations » en vue « de vaincre l’ennemi et de faire triompher la cause du peuple belge » c’est-à-dire de réaliser l’indépendance nationale. Dix jours après la naissance de la Commission administrative, ce but était atteint. Le 4 octobre, le Gouvernement provisoire déclarait solennellement que « les provinces de la Belgique, violemment détachées de la Hollande, constituent un État indépendant ».

Il avait le droit de parler au nom de la nation, car « l’assentiment du peuple avait confirmé son mandat ». La révolution ne pouvait, sans se désavouer elle-même, désavouer les hommes