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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/452

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LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE ET LE CONGRÈS

discuter ses ordres, et que son autorité ne fût contenue que par le sentiment de sa responsabilité. Il importe de reconnaître à son honneur qu’il n’en fît usage que dans l’intérêt de sa mission, qu’aucun de ses membres n’encourut l’accusation d’en avoir abusé et qu’avec le désintéressement le plus complet, il s’empressa de prendre les mesures qui devaient réaliser sa promesse de déposer le pouvoir aussitôt qu’il le pourrait.

Son premier arrêté, prorogeant de vingt-cinq jours l’échéance de tous les effets de commerce créés antérieurement au 26 septembre, a visiblement pour but de faire renaître, au sein du chaos, la confiance du public. Le lendemain, un autre arrêté, jetant les premières bases de l’organisation de la garde civique, atteste sa résolution de maintenir l’ordre et la sécurité. Puis tout de suite, il s’adapte aux fonctions de tout genre auxquelles il doit satisfaire. Le pouvoir exécutif est délégué au « Comité central » institué dans son sein (28 septembre). Des comités de la guerre, de l’intérieur, de la sûreté publique, des finances, de la justice et enfin des affaires diplomatiques, dirigés par des administrateurs généraux, lui constituent des ministères responsables devant lui seul. Des « Commissaires » remplacent les gouverneurs de province destitués ou en fuite. Dès le 5 octobre est créé le « Bulletin des arrêtés et actes du Gouvernement provisoire de la Belgique ».

À cette date, le gouvernement s’est transporté de l’hôtel de ville, où il s’était d’abord installé, dans le palais des États-Généraux et a établi ses services dans les bureaux de l’administration centrale. Avec une rapidité merveilleuse, il institue le régime nouveau. Peu de révocations d’ailleurs, les autorités hollandaises ayant spontanément quitté leurs postes. On se borne à destituer les agents les plus impopulaires, et à introduire à leur place des patriotes, jeunes gens pour la plupart, que signalent leur activité politique ou le rôle qu’ils ont joué dans la presse. Le plus grand soin fut pris de ne pas ébranler le principe de l’inamovibilité des magistrats. On laissa même en fonctions plusieurs juges dont l’orangisme était notoire. D’autres furent remplacés par des membres du barreau. Dès le 11 octobre, la justice était régulièrement rendue