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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/460

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LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE ET LE CONGRÈS

étaient orangistes. Quant aux campagnes, leurs élus appartenaient presque tous à la noblesse ou à la classe des propriétaires fonciers.

À la différence du Gouvernement provisoire où les libéraux possédaient la majorité, les catholiques l’emportèrent par le nombre au sein du Congrès[1]. Il faut remarquer cependant que, respectueuse de l’union, l’assemblée ne se divisa point en partis. Nul engagement n’en liait les membres à une opinion déterminée, nulle discipline extérieure ne s’imposait à eux, et elle ne connut officiellement ni droite ni gauche. Néanmoins il va de soi que les deux tendances politiques de la nation se retrouvèrent dans son sein. Les hommes qui y jouèrent le rôle le plus actif s’y répartissent en nombre à peu près égal en un groupe catholique et un groupe libéral comportant chacun une soixantaine de députés. Mais la masse des unionistes votant la plupart du temps avec les premiers, leur assurait la prépondérance. En cela, le Congrès ne fit que réfléter exactement la situation du pays.

Plus catholiques que les provinces wallonnes, les provinces flamandes étant aussi plus peuplées, furent naturellement les plus largement représentées, mais cette prépondérance de l’élément flamand et catholique n’altéra nullement la bonne entente des députés. Il y eut moins d’opposition encore entre Flamands et Wallons qu’entre catholiques et libéraux. Appartenant tous au même milieu social, parlant tous la même langue, le français, dévoués tous à la même cause et, pour créer la patrie commune, attentifs à éviter ce qui divise, les membres de l’assemblée ne voulurent être et ne furent que des Belges.

Une dernière caractéristique du Congrès, c’est la jeunesse de la plupart de ses membres. On ne peut s’en étonner si l’on se rappelle que ce sont des jeunes gens qui, en 1828, avaient fondé, les uns s’inspirant de Lammenais, les autres du libéralisme parlementaire, l’union dont la révolution était sortie. On retrouve sur les bancs de l’assemblée presque tous les hommes

  1. L. de Lichtervelde, Le Congrès national de 1830, p. 35 et suiv. (Brux., 1922).