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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/74

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FLEURUS

Cobourg, à la tête de 45,000 Autrichiens, de 13,000 Anglais, de 12,000 Hanovriens, de 8,000 Hessois, de 15,000 Hollandais et de 8,000 Prussiens, n’avait utilisé le printemps qu’à prendre Condé (10 juillet) et Valenciennes (28 juillet). Puis, au lieu de précipiter sa marche en avant, il s’arrêta aux sièges du Quesnoy et de Maubeuge, tandis que le duc d’York, se séparant de lui, allait entreprendre celui de Dunkerque (22 août), flanqué par les Hollandais postés à Menin. Du côté du Luxembourg on se borna à des escarmouches au cours desquelles fut bombardée l’abbaye d’Orval (23 juin).

Cette politique et cette tactique d’ancien régime sauvèrent la France. Les méthodes surannées des cabinets se montrèrent aussi impuissantes devant les audaces du Comité de Salut Public que la prudente et pédante stratégie de Mack devant les géniales initiatives de Carnot. Le 8 septembre, Houchard battait les Anglo-Hanovriens à Hondschoote et forçait le duc d’York à lever le siège de Dunkerque. Le 13, il attaquait les Hollandais commandés par le prince d’Orange Guillaume-Frédéric, le futur roi des Pays-Bas, et les faisait fuir éperdus jusqu’à Gand. Quelques semaines plus tard, l’offensive se portait sur les Autrichiens. La victoire de Wattignies (16 octobre) obligea Cobourg, désorienté par les manœuvres de Jourdan, d’abandonner le blocus de Maubeuge et de se replier sur Mons. La campagne eût pu être un coup de massue pour la République. Elle s’achevait en ne laissant aux mains de ses ennemis que les places fortes de Valenciennes et du Quesnoy, et en donnant à la France nouvelle la conscience de sa supériorité sur l’ancienne Europe[1].

Carnot mit l’hiver à profit pour préparer un plan décisif. Aux alliés, de plus en plus paralysés par la mésintelligence de l’Autriche et de la Prusse, il allait opposer des masses pleines d’entrain et commandées par de jeunes chefs avides d’illustrer en eux la République. Il a résolu d’en finir cette

  1. Pour les opérations militaires, voy. A. Chuquet, Hondschoote (Paris 1896) ; V. Dupuis, La campagne de 1793 à l’armée du Nord et à l’armée des Ardennes : I. De Valenciennes à Hondschoote. II. D’Hondschoote à Wattignies (Paris, 1906-1909) ; Coutanceau, La campagne de 1794 à l’armée du Nord (Paris, 1903-1908).