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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/99

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DIVISION DU PAYS EN DÉPARTEMENTS

avantage de pouvoir aller et venir par le pays comme dans un appartement de plain-pied. La circulation y était aussi aisée qu’elle avait été pénible jadis. C’en était fait de cet enchevêtrement bizarre de frontières et de ces enclaves dont on sentait mieux les inconvénients maintenant qu’on en était affranchi. L’archaïsme suranné de l’ancien système contrastait trop avec le caractère pratique et rationnel du nouveau pour qu’il fût possible de le regretter. Sa disparition fut définitive. De toutes les innovations auxquelles la République française devait initier la Belgique, l’organisation départementale se présente non seulement comme la première en date, mais comme la plus durable. Les retouches qui lui furent apportées dans la suite se bornent à bien peu de chose. Encore ne proviennent-elles point du désir de l’améliorer, mais de considérations ou de nécessités politiques. Il en fut ainsi par exemple de l’agrandissement du département des Deux-Nèthes, lors de l’annexion de la Hollande à l’Empire français, et des modifications que les traités de 1815 apportèrent aux départements de l’Escaut et de l’Ourthe qu’ils amputèrent, celui-ci des territoires cédés à la Prusse, celui-là de la Flandre Zélandaise qu’il fallut rendre au prince d’Orange.

La délimitation des départements fut exclusivement l’œuvre des commissaires du Comité de Salut Public. Ils ne tinrent pas compte des quelques protestations qu’elle souleva sous l’influence d’un particularisme mal avisé ou de la passion politique. C’est ainsi qu’ils écartèrent le vœu formulé dès le mois de juin 1793 par les jacobins franchimontois de former avec Aix-la-Chapelle et les pays de Stavelot et de Logne, un département dit des Eaux-Minérales, afin d’éviter leur union avec les Liégeois qu’ils traitaient de brissotins, de girondins et de modérés.

De même que les départements avaient été formés du démembrement des anciennes provinces, de même leurs cantons se partagèrent les débris des seigneuries, châtellenies, bailliages, ammanies ou quartiers, dont elles se composaient. Il y en eut 30 dans la Dyle, 41 dans l’Escaut, 28 dans les Forêts, 32 dans Jemappes, 36 dans la Lys, 23 dans