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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/110

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IV

Nous voilà donc mis en demeure, pour avancer vers la solution de notre problème d’explorer à tour de rôle les sciences particulières et d’examiner à fond leur position en ce qui concerne la question de l’application universelle et sans exception de la loi de causalité. Il va de soi qu’il ne peut être question ici que d’une exploration rapide, quelques pas avec des bottes de sept lieues.

Commençons par la plus exacte des sciences naturelles, la physique. Dans la dynamique classique, où nous pouvons inclure aussi bien la mécanique, y compris la théorie de la gravitation, que l’électrodynamique de Lorentz et de Maxwell, la loi de causalité s’exprime par une formule qui, pour l’exactitude et la précision, s’approche dans une certaine mesure du but idéal décrit par nous plus haut. Cette formule consiste en un certain système d’équations mathématiques en vertu duquel tous les processus ayant lieu dans un système physique donné sont complètement déterminés dès que l’on en connaît les conditions limites spatiales et temporelles, c’est-à-dire l’état initial et les influences extérieures agissant sur le système. Il en résulte qu’il est possible de déterminer à l’avance par le calcul tous les phénomènes qui auront lieu dans le système, jusque dans leurs moindres particularités, et ainsi de déduire l’effet de la cause.

Le dernier progrès important de la dynamique est tout récent, il a été réalisé par la théorie de la relativité généralisée, grâce à laquelle la gravitation newtonnienne a fusionné intimement avec l’inertie de Galilée. On a généralement coutume d’interpréter la théorie de la relativité à un point de vue positiviste et de l’opposer en un certain sens à la philosophie transcendantale. Mais c’est tout à fait à tort, car le fondement de la théorie de la relativité généralisée ne réside pas en ce que toutes les données spatiales et temporelles ne possèdent qu’une signification relative au système de référence adopté par l’observateur ; elle réside au contraire en ce que dans la diversité spatiale et temporelle de l’univers à 4 dimensions, il existe une grandeur, la distance entre deux points infi-