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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/112

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six faces, il est très probable, mais non tout à fait certain, qu’à l’arrêt cette face va se trouver en dessous. Moins le centre de gravité sera éloigné du centre de symétrie, plus le résultat sera douteux. Pour exprimer la loi statistique, ici dominante, il faut jeter le dé très souvent, coup sur coup. Le nombre de coups qui donne le résultat probable et le nombre total des coups se trouvent respectivement dans un rapport tout à fait précis, déterminé par la position du centre de gravité.

Et maintenant, pour en revenir à la transmission de la chaleur : est-ce que la loi de causalité, en tant qu’elle s’applique avec rigueur et s’étend à tous les phénomènes particuliers, y trouve une limite ? En aucune façon. Des recherches plus poussées, en effet, ont fait voir que ce que nous appelons transmission de la chaleur d’un corps à un autre est un phénomène extrêmement compliqué que l’on peut décomposer en une multitude d’autres phénomènes distincts, indépendants les uns des autres et très petits : les mouvements moléculaires ; et, de plus, elles ont montré que si nous supposons les lois dynamiques valables pour chacun de ces minuscules phénomènes en particulier, ce qui implique une causalité rigoureuse, cela nous mène tout justement aux lois de probabilité que l’observation constate. Si les règles de statistique cessent de s’appliquer en certains cas, cela ne tient donc pas à ce que la loi de causalité soit violée, mais bien à ce que nos observations ont beaucoup trop peu de finesse pour servir à l’examen direct de cette loi. Si nous étions en situation de suivre le mouvement de chaque molécule séparément nous trouverions la preuve que les lois dynamiques s’y appliquent exactement.

C’est pourquoi l’on distingue en physique deux sortes d’observations ; l’observation macroscopique, plus grossière, sommaire et l’observation microscopique, plus détaillée. Il n’y a de hasard et de probabilité que pour l’observateur macroscopiste ; et leur grandeur, leur importance dépendent essentiellement des connaissances sur lesquelles il s’appuie, tandis que l’observateur microscopiste ne voit partout que certitude et rigoureuse causalité. Le premier ne compte que par addition de valeurs, il ne connaît que des lois statistiques, le second compte par