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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/115

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Les paysans, à tête dure, se laissèrent-ils convaincre par cette preuve ? notre histoire ne le dit pas. Cela ne va nullement de soi. Personne ne peut en effet être contraint par des raisons d’ordre purement logique à reconnaître une interdépendance causale, même dans ce qui se présente à lui sous l’aspect d’une régularité absolue. Pensons seulement à l’exemple kantien du jour et de la nuit. Ceci s’accorde tout à fait avec ce que nous avons déjà, maintes fois, eu l’occasion de souligner, à savoir que le lien causal est d’ordre transcendantal et non pas logique.

On peut toujours dire que la loi de causalité est une hypothèse, c’est en vérité trop peu pour la caractériser. En tout cas, ce n’est pas, après tout, une hypothèse comme les autres, mais bien l’hypothèse capitale et fondamentale, c’est-à-dire la condition préalable de ce fait que, d’une façon générale, il n’est pas dénué de sens de forger des hypothèses. Toute hypothèse, en effet, qui formule une règle précise quelconque, prend pied déjà sur la valeur de la loi de causalité.

Il nous reste encore à considérer cette catégorie de sciences qui a pour objet les plus complexes et les plus délicats des phénomènes, ceux qui nous touchent le plus immédiatement, les phénomènes spirituels. Les énormes difficultés auxquelles se heurte l’emploi de la méthode d’observation objective dans les sciences de l’esprit et spécialement dans celle qui précède les autres, je veux dire la science de l’histoire, ne serait-ce qu’en raison du nombre limité des sources, se trouvent atténuées, dans une certaine mesure du fait que ces sciences disposent d’une méthode particulière d’ordre subjectif étrangère aux sciences naturelles, la méthode d’auto-observation qui rend le chercheur capable d’éprouver par sympathie, dans une certaine mesure, les états d’âme des personnages ou des groupes de personnes dont il s’occupe et de s’ouvrir ainsi certaines vues sur les particularités de leurs sentiments et de leurs démarches intellectuelles.

Demandons-nous-le donc, une fois de plus, quelle position les sciences de l’esprit adoptent-elles en ce qui concerne le problème ? Existe-t-il partout, d’après elles, dans le monde de l’esprit, dans le sentiment, la volonté, l’intelligence et l’activité de l’homme, une rigueur, une interdé-