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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/117

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dans toute son étendue, par l’affirmative. Le rôle que la force joue dans la nature, comme cause des mouvements, est assumé ici, dans le monde de l’esprit, par le motif comme cause des actes ; et de même qu’à tout instant les mouvements d’un corps matériel résultent fatalement de l’action concomitante des diverses forces, en des sens déterminés, de même les actes de l’homme répondent avec la même fatalité à la résultante des motifs qui se renforcent ou se combattent les uns et les autres et produisent ainsi leurs effets en partie d’une façon plus ou moins consciente et aussi, en partie, sans qu’il s’en aperçoive.

Quand bien même, au premier abord, maintes démarches de l’homme paraîtraient inexplicables, énigmatiques, un examen plus serré parvient cependant, en beaucoup de cas, à les reconnaître comme déterminées par des causes qui peuvent résider dans des prédispositions spéciales du caractère, dans l’humeur du moment, ou encore dans quelques particularités des circonstances extérieures ; et, quant aux autres cas, nous avons toutes les raisons d’admettre que, si l’explication est difficile, ce n’est pas que les actes en question soient sans motifs ; mais seulement que nous avons une connaissance insuffisante de l’état des choses avec tous ses détails, exactement comme dans le cas du jeu de dés, malgré l’absence apparente de règle dans la succession des coups, personne ne met en doute l’application de la loi de causalité à chaque coup distinct. Quand bien même, aussi, maintes fois, les motifs d’un acte resteraient tout à fait dans l’ombre, un acte dénué de motifs est, scientifiquement, aussi peu admissible qu’un hasard absolu dans la nature inanimée,

Nous pouvons après cela laisser entièrement de côté la difficile question de la réaction réciproque entre phénomènes physiques et phénomènes psychiques. Il suffit d’admettre le principe que tout phénomène psychique dépend, selon des lois déterminées, d’un phénomène physique correspondant.

Comme chaque acte n’est pas seulement déterminé par des motifs antérieurs qui en sont la cause, mais agit lui-même comme cause sur des actes postérieurs, il se forme ainsi par l’entrelacement des motifs et des actes une chaîne sans fin de phénomènes successifs dans la vie de