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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/13

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çons entièrement distincts par suite d’un relâchement du lien qui tenait unis ces tronçons. On observe donc, à ce propos, un phénomène qui va à l’encontre de la tendance qui porte toute science vers son unification et vers son homogénéisation. Le meilleur exemple d’une évolution de ce genre nous est donné par la théorie de la chaleur. Autrefois la chaleur formait une branche spéciale bien délimitée de la physique, caractérisée par son rattachement aux données du sens thermique, ce qui suffisait pour qu’on en pût tracer avec précision les frontières. Aujourd’hui, on a retranché de la théorie de la chaleur tout un chapitre sur la chaleur rayonnante, pour le rattacher à l’optique. La sensation thermique n’a donc plus assez d’importance pour réunir en un seul faisceau les débris hétérogènes de ce qui fut l’ancienne théorie de la chaleur. Nous retrouvons ces débris, en partie dans l’optique (ou dans l’électrodynamique), en partie dans la mécanique, surtout dans cette section de la mécanique qui traité de la théorie cinétique de la matière.

En résumé, ce qui caractérise l’évolution de la physique, c’est une tendance vers l’unité et cette unification s’opère principalement sous le signe d’une certaine libération de la physique, de ses éléments anthropomorphiques et surtout des liens qui la rattachaient à ce qu’il y a de spécifique dans les perceptions des organes de nos sens. Maintenant, si l’on veut bien remarquer que les sensations sont indubitablement à la base de toute recherche, on ne pourra manquer de trouver étonnante et même paradoxale cette aversion de la physique actuelle pour ce qui en est, somme toute, la condition fondamentale. Et pourtant, aucun fait n’apparaît plus clairement dans l’histoire de la physique. Pour se résigner à un pareil reniement de ses origines, ne faut-il pas qu’elle y ait trouvé d’inappréciables avantages !

Avant d’examiner plus en détail ce point important, détournons, pour un instant, nos regards du passé et interrogeons l’avenir. Quelle division sera adoptée par la physique dans les années qui vont suivre ?

Pour le moment, nous nous trouvons encore en présence de deux grands domaines : la mécanique et l’électrodynamique, ou bien encore, la physique de la matière et la physique de l’éther. La première renferme aussi l’acous-