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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/136

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dans tout processus mécanique, l’accroissement de la force vive d’un corps en mouvement est égal à la diminution du potentiel des forces agissant sur ce corps. Le changement d’une des énergies : l’énergie cinétique, est donc exactement compensé par un changement égal et de sens contraire de l’autre énergie : l’énergie potentielle. Dans ce cas aussi, les puristes sont fondés à dire : dès lors que dans la formulation du principe de la conservation de l’énergie, il ne peut être question que de différences d’énergie, c’est que la notion d’énergie n’a pas de rapport avec un état, mais seulement avec un changement d’état ; la valeur de l’énergie devra donc toujours comporter une constante indéterminée. À cette constante on ne saurait assigner aucun sens physique. Tout se passe ici comme dans la construction d’une maison ; pour l’architecte, la hauteur des différents étages au-dessus du niveau de la mer n’a pratiquement aucun sens, car il ne s’agit, en définitive que de différences de niveau.

Il n’y aurait rien à objecter à cette manière de voir, si le principe de la conservation de l’énergie était le seul principe de la physique. Comme il n’en est pas ainsi, on ne peut refuser a priori d’examiner la question de savoir s’il ne conviendrait pas de donner un sens absolu à la notion d’énergie par l’introduction d’un nouvel axiome, de telle sorte que cette grandeur soit déterminée complètement par l’état actuel du système. Il saute aux yeux que la notion d’énergie ainsi que les applications du principe de sa conservation en seraient grandement simplifiés. En fait, c’est là un pas qui a été franchi complètement à l’heure actuelle. À tout état donné d’un système physique, nous pouvons donc faire correspondre une valeur bien déterminée de son énergie, sans constante additive.

Considérons d’abord l’énergie du champ électromagnétique dans le vide absolu. Il y a un axiome en vertu duquel l’énergie d’un champ électromagnétique neutre est posée égale à zéro. En s’appuyant sur cet axiome on peut donc trouver la valeur absolue de l’énergie. Ce nouvel axiome n’est nullement évident et il ne peut être déduit du principe de la conservation de l’énergie. Il y a quelques années, Nernst à émis l’hypothèse que, dans le champ d’énergie neutre, il y a une sorte d’énergie de rayonnement station-