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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/168

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Naturellement, rien ne pourrait s’opposer à un abandon de la théorie classique ; cet abandon deviendrait même nécessaire s’il était démontré que la théorie des quanta lui est supérieure ou même simplement équivalente sur tous les points. Or il n’en est absolument pas ainsi : il y a, en physique, des domaines, tel le vaste domaine des phénomènes d’interférence, où la théorie classique se trouve vérifiée par les mesures les plus précises jusque dans ses moindres détails et où l’hypothèse des quanta, du moins sous sa forme actuelle, échoue complètement et cela non point dans ce sens qu’elle ne serait pas applicable, mais bien en ce sens que les résultats qu’elle permet de prévoir ne concordent pas avec ce qui est constaté expérimentalement.

Aujourd’hui les choses en sont arrivées à un tel point que chacune des théories a, pour ainsi dire, son domaine particulier où elle se sent inattaquable. Il existe, en outre, des domaines intermédiaires, par exemple la dispersion et la diffraction de la lumière, où elles se combattent avec plus ou moins de succès, soit pour l’une, soit pour l’autre ; car elles conduisent à peu près aux mêmes conséquences. Un physicien pourra donc, suivant ses penchants personnels, s’appuyer tantôt sur l’une tantôt sur l’autre. Ceci ne va pas sans provoquer chez celui qui cherche sérieusement à se rendre compte de ce que sont les choses en réalité, un sentiment de gêne pénible et même insupportable à la longue.

Pour illustrer ce singulier état de choses, vous me permettrez de me borner à un seul exemple tiré du trésor surabondant des résultats expérimentaux et des considérations théoriques qui leurs sont relatives.

Je rappelle d’abord deux faits très simples. Imaginons deux faisceaux lumineux étroits obtenus en plaçant devant une source ponctuelle violette un écran percé de deux trous. Si ces deux faisceaux sont dirigés au moyen de miroirs, de façon à atteindre la même plage d’une paroi blanche éloignée, la tache lumineuse observée ne sera pas uniforme, elle sera parsemée de franges, tel est le premier fait. Le second est qu’un métal quelconque, sensible à la lumière, placé sur le parcours de l’un de ces rayons émettra continuellement des électrons dont la vitesse sera