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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/69

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entreprise sans issue, d’essayer de rendre compte d’une façon parfaitement adéquate de son propre avenir, en adoptant le point de vue déterministe et en éliminant le concept du libre arbitre moral. Le libre arbitre, tel que nous le fait connaître le témoignage de notre conscience, est un pouvoir d’autodétermination qu’aucun lien causal ne saurait limiter. Le regarder comme inconciliable avec un déterminisme absolu régissant tous les phénomènes de la vie psychologique, c’est commettre une erreur de principe tout à fait semblable à celle du physicien qui négligerait la précaution dont nous avons parlé plus haut ; on pourrait aussi dire que c’est se tromper de la même façon qu’un physiologiste qui prétendrait étudier les fonctions naturelles d’un muscle sur une préparation anatomique de ce même muscle.

Nous le voyons donc, c’est la science qui se pose à elle-même des limites infranchissables. Mais l’effort humain ne peut pas s’avouer vaincu devant une telle barrière, il doit absolument la franchir ; il lui faut une réponse à cette question qui lui est sans cesse posée par la vie : comment dois-je agir ? Mais la réponse à cette question ce n’est ni le déterminisme, ni la causalité, ni même la science pure qui sont capables de la fournir d’une façon pleinement satisfaisante ; c’est le sens moral, le caractère, la conception éthique du monde.

Conscience et fidélité, tels sont les guides que nous devons choisir non seulement sur le terrain scientifique, mais encore, bien au delà, dans tout le cours d’une vie qui a le souci d’être droite. On ne doit pas certes, en attendre de brillantes réussites immédiates, mais plutôt les biens les plus précieux auxquels puisse aspirer notre esprit, à savoir : la paix intérieure et la véritable liberté.