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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/76

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Ceci est tellement vrai qu’il y a un certain temps que l’habitude s’était introduite de ne plus calculer en termes d’énergie ; mais en termes de travail. Ainsi nous voyons Mach, — qui s’est beaucoup occupé du principe de la conservation de l’énergie, et qui est peut-être l’auteur qui a été le plus loin dans la voie de spéculations dépassant la portée de simples observations, — éviter de se servir du mot énergie.

De même, pour la thermochimie à ses débuts, on parlait toujours de chaleur de réaction, c’est-à-dire qu’on s’en tenait à des différences d’énergie. Cet état de choses dura jusqu’à ce que Wilhelm Ostwald eût fait observer, à juste titre, que de nombreuses considérations passablement complexes se trouvaient simplifiées si, au lieu d’utiliser des termes calorimétriques on calculait en énergie proprement dite. La constante qui figure dans l’expression de l’énergie resta tout d’abord indéterminée, mais elle finit par être calculée au moyen de la théorie de la relativité ; qui établit définitivement la proportionnalité de l’énergie et de l’inertie[1].

Pour l’entropie et, par conséquent, pour la probabilité physique il est possible de définir une valeur absolue en fixant, comme dans le cas de l’énergie, la valeur de la constante additive, ce qui se fait en annulant la valeur de l’entropie en même temps que celle de l’énergie (ou mieux de la température). Sur ces bases, on peut alors calculer la valeur de la probabilité physique d’une répartition donnée de l’énergie dans un système composé de résonateurs. Ce calcul se fait par une analyse combinatoire assez simple et il conduit à une expression de l’entropie identique à celle qui est exigée par la loi du rayonnement[2]. À cette occasion j’eus la satisfaction particulièrement précieuse, après tant de désillusions, de voir Ludwig Boltzmann, dans la lettre qu’il m’écrivit quand je lui eus envoyé mon mémoire, se déclarer pleinement d’accord avec moi, tant sur les principes que sur toute la suite de mes déductions.

Pour effectuer le calcul numérique de la valeur de la probabilité, il est nécessaire de connaître deux constantes universelles qui possèdent chacune une signification physique bien déterminée. Comme on peut aussi calculer ces

  1. La valeur absolue de l’énergie est en effet égale au produit de la masse inerte par le carré de la vitesse de la lumière.
  2. Verh. d. Deutsch. Physik. Ges. du 14 décembre 1900, p. 237.