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Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/91

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néanmoins, dans sa marche, leur pensée s’écarte-t-elle de celle des deux adversaires ? Ils ne le voient pas clairement, parce qu’ils ne voient rien de décisif à opposer soit aux arguments logiques des uns, soit aux arguments moraux des autres. Ainsi poursuivent-ils, avec toute l’attention convenable, mais non sans quelque crainte et quelque secret malaise, la pénétration lente, mais constante et sûre de la recherche scientifique. Il y a longtemps que celle-ci ne se laisse plus arrêter par la frontière qui sépare le monde des corps et celui de l’esprit et chacun, selon ce qu’il sait et ce qu’il peut, cherche de son mieux, mais sans y réussir pour de bon, un retranchement solide derrière lequel la conscience qu’il a de son libre arbitre puisse se sentir à l’abri des incursions du déterminisme pur et simple.

En présence d’un état de choses si profondément troublant, peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt qu’un représentant de l’exacte exploration de la nature expose ce qu’il peut dire sur le problème en question, du point de vue de la science qu’il cultive et dont la méthode, à coup sûr, mérite à un très haut degré la qualification de positive.

I

Pour nous mettre sur la piste d’une solution réellement satisfaisante de notre problème, demandons-nous d’abord quelles sont, tout à fait en général, la signification et la valeur de la loi de causalité.

La notion de cause nous vient de la vie ordinaire et apparaît dès lors en premier lieu comme la plus simple du monde. Tout ce qui advient a une ou plusieurs causes qui, toutes ensembles, traînent après elles, comme effet, l’événement considéré. Inversement, on peut considérer tout événement comme la cause d’un ou plusieurs autres qui s’ensuivent nécessairement. C’est sur ce principe que nous réglons toute notre activité pratique. Il nous est entré dans la chair et le sang, par un exercice de tous les jours et de toutes les heures, d’une façon si complète que nous l’appliquons, pour ainsi dire, à demi inconsciemment.

Si quelqu’un, pour nous en tenir à un exemple tout à