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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/101

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Comme ils sont incapables de faire eux-mêmes les frais de la conversation, et que leur ignorance ne leur permet pas de se servir pour cela de leur propre voix et de discours qui leur appartiennent, ils trouvent à tout prix [347d] des joueuses d’instrumens, et louant à grands frais la voix étrangère des flûtes, ils l’empruntent pour converser ensemble. Mais dans les banquets des honnêtes gens et des personnes bien élevées, tu ne verras ni joueuses de flûte, ni danseuses, ni chanteuses ; ils sont en état de s’entretenir ensemble par eux-mêmes sans le secours de ces bagatelles et de ces puérilités, parlant et écoutant tour-à-tour avec ordre, lors même qu’ils ont pris un peu de vin. [347e] Pareillement les assemblées comme celles-ci, quand elles sont composées de personnes telles que nous nous flattons d’être la plupart, n’ont pas besoin de recourir à des voix étrangères, ni même à celle des poètes, à qui on ne saurait demander raison de ce qu’ils disent. Le vulgaire les cite en témoignage dans ses discours ; les uns soutiennent que le sens du poète est celui-ci, les autres celui-là, et on dispute sans pouvoir se convaincre de part ni d’autre. Les sages laissent là [348a] les conversations de cette nature, ils s’entretiennent ensemble par eux-mêmes, et c’est par leurs propres discours