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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/145

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ARGUMENT.

parcourt librement sans s’arrêter à en marquer les intervalles.

Déjà du temps de Platon la rhétorique s’était définie elle-même l’art de persuader ; et cette définition est encore celle qu’elle garde aujourd’hui. Si la définition est exacte, c’est-à-dire complète, elle ne doit supposer rien au-delà ; elle n’admet aucunes réserves secrètes qui puissent la modifier, la resserrer ou l’étendre, et y introduire aucun élément étranger. Si donc la rhétorique est l’art de persuader, et rien autre chose, c’est la persuasion qu’elle opère, et rien de plus ; la persuasion, dis-je, prise en elle-même, et quelle qu’elle soit. Mais qu’est-ce que la persuasion en elle-même ? une croyance, une opinion. Or, il y a des croyances et des opinions fausses, comme il y en a de vraies. La rhétorique ou l’art de persuader est l’art de produire les unes comme les autres ; autrement il faut changer la définition, et la changer c’est la détruire.