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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/149

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défense que Gorgias, et cependant il est forcé de reculer devant le bon sens et la dialectique inexorable de Socrate.

Polus vient à son secours, et, sans s’en douter, soulève des questions qui tournent contre lui et accablent la rhétorique. Il s’avise de la défendre par les résultats qu’elle donne. L’élève de la rhétorique, l’orateur, dit Polus, domine les juges, et les assemblées du peuple, et peut perdre ses ennemis, les ruiner, les bannir, les faire mettre à mort, ou servir ses amis et soi-même ; il en est le plus heureux des hommes puisqu’il en est le plus puissant, et il est tout-puissant, puisqu’il fait tout ce qu’il veut. Non, répond Socrate, l’orateur n’a pas de pouvoir pour cela qu’il peut ruiner, bannir ou mettre à mort ; car à ce compte on pourrait dire que le plus scélérat des hommes en est le plus puissant, puisqu’il peut à tout moment incendier ou égorger, pourvu qu’il parvienne à échapper au châtiment. L’audace impunie n’est pas