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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/263

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SOCRATE.

Tu es admirable de prétendre me réfuter avec des argumens de rhétorique, comme ceux qui croient faire la même chose devant les tribunaux. Là en effet un avocat s’imagine en avoir réfuté un autre, lorsqu’il a produit un grand nombre de témoins distingués pour appuyer ce qu’il avance, et que sa partie adverse n’en a produit qu’un seul, ou point du tout. Mais ce mode de réfutation ne sert de rien pour découvrir la vérité. Car quelquefois un accusé peut être condamné à tort sur la déposition d’un grand nombre de témoins, qui paraissent de quelque poids. Et, dans le cas présent, presque tous les Athéniens et les étrangers seront de ton avis ; et si tu veux produire contre moi des témoignages pour me prouver que la vérité n’est pas de mon côté, tu auras, quand il te plaira, pour témoins Nicias[1], fils de Nicérate, et ses frères, qui ont donné tous ces trépieds qu’on voit rangés dans le temple de Bacchus ; tu auras encore, si tu veux, Aristocrate, fils de Scellios[2], de qui est cette belle offrande dans le temple d’Apollon pythien ; tu auras aussi

  1. Voyez la Vie de Nicias, par Plutarque.
  2. Thucydide, liv. VIII, 89.