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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/307

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parcourir la carrière philosophique ? Si quelqu’un mettait actuellement la main sur toi, ou sur un de ceux qui te ressemblent, et te conduisait en prison, disant que tu lui as fait tort, quoiqu’il n’en soit rien, tu sais que tu serais fort embarrassé de ta personne, que la tête te tournerait, et que tu ouvrirais la bouche toute grande, sans savoir que dire. Lorsque tu paraîtrais devant les juges, quelque vil et méprisable que fût ton accusateur, tu serais mis à mort, s’il lui plaisait de demander contre toi cette peine. Or, quelle estime, Socrate peut-on faire d’un art qui trouvant un homme bien né le rend plus mauvais, le met hors d’état de se secourir lui-même, et de se tirer ou de tirer les autres des plus grands dangers, qui l’expose à se voir dépouiller de tous ses biens par ses ennemis, et à traîner dans sa patrie une vie sans honneur ? La chose est un peu forte à dire ; mais enfin on peut impunément frapper sur la figure un homme de ce caractère. Ainsi, crois-moi, mon cher, laisse là tes argumens, cultive les belles choses, exerce-toi à ce qui te donnera la réputation d’homme habile ; abandonne cet appareil d’extravagances ou de puérilités, qui finiront par te ruiner et te faire une maison déserte, et propose-toi pour modèles, non ceux qui disputent sur ces bagatelles, mais ceux