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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/37

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tu retireras d’être avec moi, c’est que dès le premier jour de ce commerce, tu t’en retourneras le soir plus habile que tu ne seras venu le matin : le lendemain de même, et tous les jours tu sentiras que tu as fait de nouveaux progrès.

[318b] Mais, Protagoras, lui dis-je, il n’y a rien là de bien surprenant et qui ne soit fort ordinaire ; car toi-même, quelque avancé en âge et en science que tu sois, si quelqu’un t’enseignait ce que tu ne sais pas, tu deviendrais aussi plus savant que tu n’es. Ce n’est pas là ce que nous demandons. Mais supposons qu’Hippocrate change tout d’un coup de fantaisie, et qu’il lui prenne envie de s’attacher à ce jeune peintre qui vient d’arriver en cette ville, à Zeuxippe d’Héraclée ; il s’adresse à lui comme il s’adresse présentement à toi ; [318c] ce peintre lui fait les mêmes promesses que tu lui fais, que chaque jour il se rendra plus habile et fera de nouveaux progrès. Si Hippocrate lui demande, En quoi ferai-je de si grands progrès ? n’est-il pas vrai que Zeuxippe lui répondra qu’il les fera dans la peinture ? Ou bien qu’il lui vienne dans la tête de s’attacher à Orthagoras le Thébain, et qu’après avoir entendu de sa bouche les mêmes choses qu’il a entendues de la tienne, s’il lui fait encore la même demande, en quoi il deviendra tous les jours plus habile, n’est-il pas vrai qu’Orthagoras lui répondra que