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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/408

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SOCRATE.

Je serais à coup sûr un insensé, Calliclès, si je croyais que dans une ville comme Athènes il n’est personne qui ne soit exposé à toutes sortes d’accidens. Mais ce que je sais, c’est que si je parais devant un tribunal, et si j’y cours quelqu’un des périls dont tu parles, celui qui m’y citera sera un méchant homme : car jamais homme de bien n’accusera un innocent. Et il ne serait pas étonnant que je fusse condamné à mort. Veux-tu savoir pourquoi je m’y attends ?

CALLICLÈS.

Je le veux bien.

SOCRATE.

Je pense que je m’applique à la véritable politique avec un très petit nombre d’Athéniens, pour ne pas dire seul, et que seul je remplis aujourd’hui les devoirs de citoyen. Et comme je ne cherche point à flatter ceux avec qui je m’entretiens chaque jour, que je vise au plus utile et non au plus agréable, et que je ne veux rien faire de toutes ces belles choses que tu me conseilles, je ne saurai que dire, lorsque je me trouverai devant les juges : et ce que je disais à Polus revient fort bien ici ; je serai jugé comme le serait un médecin accusé devant des enfans par un cuisinier. Examine en effet ce qu’un médecin au milieu de pareils