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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/871

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l'art de faire des harangues qu'il faut apprendre pour être heureux ? — Je ne le crois pas, me répondit Clinias. — [289d] Et pourquoi ? — Parce que je vois des faiseurs de harangues qui ne savent pas mieux se servir de leurs discours que les faiseurs de lyres de leurs instrumens ; et dans ce genre aussi il y a des hommes qui savent employer ce que d'autres ont fait, sans être capables par eux-mêmes de faire une harangue. Il n'est donc pas moins évident que pour les harangues l'art de les faire et l'art de s'en servir sont deux arts différens. — Tu me parais avoir donné une preuve suffisante, repris-je, que l'art de faire des harangues n'est pas celui dont l'acquisition puisse rendre heureux. Je m'imaginais cependant que la science [289e] que nous cherchons depuis long-temps serait celle-là ; car, pour te dire la vérité, Clinias, toutes les fois que je parle à ces faiseurs de harangues, je les trouve admirables, et leur art me paraît divin et sublime ; et cela n'est pas étonnant, puisqu'il fait partie de l'art des enchantemens et ne lui est inférieur que de peu. [290a] L'art des enchantemens adoucit la fureur des vipères, des araignées, des scorpions et des autres bêtes, et celle des maladies ; l'art des harangues conjure et adoucit les juges, l'assemblée et toute espèce de foule. N'est-