Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/94

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tant sur chaque endroit [344b] de cette chanson, qu’elle est parfaitement composée ; car tout y est plein d’élégance et de justesse : mais il serait trop long de la parcourir tout entière. Bornons-nous à en exposer le plan et le dessein, qui n’est autre chose d’un bout à l’autre que la réfutation du mot de Pittacus ; car, quelques lignes après le début, le poète donne clairement à entendre que sans doute il est véritablement difficile de devenir vertueux, mais toutefois possible pour un certain temps : mais lorsqu’on l’est devenu, persévérer [344c] dans cet état, et être vertueux, comme tu le dis, Pittacus, c’est une chose impossible et au-dessus des forces humaines. Dieu seul jouit de ce privilège : pour l’homme, il est impossible qu’il ne soit pas méchant, lorsqu’une calamité insurmontable vient à l’abattre. Quel est donc celui qu’une calamité de cette nature abat, dans la conduite d’un vaisseau, par exemple ? Il est évident que ce n’est pas l’ignorant, car il est toujours abattu. Comme donc on ne renverse point un homme qui est à terre, mais qu’on peut renverser et mettre par terre celui [344d] qui est debout ; de même, un malheur sans ressource peut abattre l’homme qui a des ressources en lui-même, mais non celui qui n’en a aucune. Une grande tempête qui survient peut laisser le pilote sans ressource ; une