Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/1025

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de ceux qui seront propres à la garde de l’État par leur âge, leurs connaissances, leur caractère et leurs habitudes. Après quoi, pour les sciences qu’ils doivent apprendre, il n’est point aisé ni de les inventer soi-même ni d’en prendre leçon d’un autre qui les aurait inventées. De plus, il serait déraisonnable de fixer le temps où l’on doit commencer et finir l’étude de chaque science ; car ceux même qui s’appliquent à une science ne peuvent savoir au juste le temps nécessaire pour l’apprendre que quand ils s’y sont rendus habiles. C’est pourquoi il ne faut pas parler de tout cela, puisque nous ne saurions en bien parler ; et il n’en faut point parler à l’avance parce que tout ce qu’on en pourrait dire avant le temps n’éclaircirait rien.

CLINIAS.

Si la chose est ainsi, Étranger, qu’avons-nous donc à faire ?

L’ATHÉNIEN.

Mes amis, comme dit le proverbe, il n’y a rien de fait et tout est encore entre nos mains ; mais si nous voulons risquer le tout pour le tout, et amener, comme disent les joueurs, le plus haut point ou le plus bas[1], il ne faut rien négliger.

  1. Le texte : trois six ou trois. On jouait alors avec trois dés ; de sorte que trois fois six était le plus haut point, et trois le plus bas. Ce proverbe se disait de ceux qui s’exposaient à de grands dangers. Voyez le Scholiasle de Runhken.