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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/226

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L’ATHÉNIEN.

Cette sorte d’épreuve, mon cher ami, serait d’une merveilleuse facilité en comparaison de celles d’aujourd’hui, pour quiconque voudrait s’exercer seul vis-à-vis de soi-même, ou avec d’autres, en grand ou en petit nombre. Et si par pudeur, dans la crainte d’être aperçu en cet état avant que d’être suffisamment aguerri, on choisissait de s’exercer dans la solitude ; au lieu de mille autres choses on n’aurait qu’à se procurer ce breuvage et on serait sûr du succès. Il en serait de même si, comptant assez sur ses dispositions naturelles et les essais précédents, on ne craignait point de s’exercer avec d’autres, et de montrer en leur présence sa force à surmonter les impressions fâcheuses et inévitables de ce breuvage, de sorte qu’on ne laissât échapper aucune action indécente, et qu’on eût assez de vertu pour se préserver de toute altération, pourvu encore qu’on se retirât avant que d’avoir bu à l’excès, par une juste défiance de ce breuvage, capable à la fin de terrasser tous les hommes.

CLINIAS.

Oui, ce serait là une excellente école de tempérance.

L’ATHÉNIEN.

Revenons à notre législateur. Il est vrai, lui