Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/229

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L’ATHÉNIEN.

Qu’est-ce qui nous expose à tomber en de pareilles fautes ? N’est-ce point la colère, l’amour, l’intempérance, l’ignorance, l’avidité, la lâcheté, et encore les richesses, la beauté, la vigueur du corps, enfin tout ce qui nous enivre par le plaisir, et nous fait perdre la raison ? Or, pour faire d’abord l’essai de ces passions, et s’exercer ensuite à les vaincre, est-il une épreuve plus aisée, plus innocente que celle du vin ? Et lorsqu’on y apporte les précautions convenables, est-il un divertissement plus propre à cet effet que celui des banquets ? Examinons la chose de plus près. Pour reconnaître un caractère difficile et farouche, capable de mille injustices, n’est-il pas plus dangereux de traiter avec lui à nos risques et périls, que de l’examiner dans l’abandon d’une fête bachique ? Pour nous assurer si un homme est esclave des plaisirs de l’amour, lui confierons-nous nos filles, nos fils et nos femmes, et ferons-nous un essai de ses mœurs au risque de ce que nous avons de plus cher ? Je ne finirais pas si je voulais rapporter toutes les raisons qui montrent combien il est plus avantageux de prendre connaissance des divers caractères à la faveur d’un divertissement, sans paraître le vouloir, sans courir aucun danger ; et je suis persuadé qu’il