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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/258

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tice, et de n’en avoir point à souffrir de personne ? Et y a-t-il au contraire de l’agrément dans la condition opposée, quoique mauvaise et honteuse ?

CLINIAS.

Comment cela pourrait-il être ?

L’ATHÉNIEN.

Ainsi le discours qui ne sépare point l’agréable du juste, [663b] du bon et du beau[1], a du moins cet avantage, qu’il porte ceux qui l’entendent à embrasser la justice et la vertu ; et le législateur ne peut se permettre un autre langage, sans se couvrir de honte et sans se contredire ; car jamais personne ne consentira de lui-même à embrasser un genre de vie qui doit lui procurer moins de plaisir que de peine. Or ce qu’on ne voit que dans le lointain donne des vertiges à presque tout le monde, surtout aux enfants. Le soin du législateur sera donc d’ôter les nuages qui pourraient offusquer [663c] l’esprit des citoyens, et de mettre en œuvre toutes les pratiques, les louanges et les raisons les plus efficaces pour leur persuader que la justice et l’injustice sont, pour ainsi dire, représentées sur deux tableaux placés l’un vis-à-vis de l’autre ; que l’injuste et le méchant portant

  1. Voyez l’Alcibiade et le Gorgias.