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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/332

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l’eût prévu dans le temps, n’aurait-il pas été bien plus habile que nous ?

MÉGILLE.

Eh bien, que fallait-il faire ?

L’ATHÉNIEN.

Il ne sera pas difficile de le reconnaître et de le dire, Mégille, si on jette les yeux sur ce qui s’est passé chez vous.

MÉGILLE.

Explique-toi plus clairement.

L’ATHÉNIEN.

Je ne puis rien dire de plus clair que ceci.

MÉGILLE.

Quoi ?

[691c] L’ATHÉNIEN.

Si au lieu de donner à une chose ce qui lui suffit, on va beaucoup au-delà, par exemple, si on donne à un vaisseau de trop grandes voiles, au corps trop de nourriture, à l’âme trop d’autorité, tout se perd : le corps devient malade par excès d’embonpoint ; l’âme tombe dans l’injustice, fille de la licence. Que veux-je dire par là ? N’est-ce point ceci ? Qu’il n’est point d’âme humaine qui soit capable, jeune et n’ayant de compte à rendre à personne, de soutenir le poids du souverain pouvoir, [691d] de manière que la plus grande maladie, l’ignorance, ne s’empare pas