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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/424

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sans un mâle courage. Mais pour ceux dont les vices ne sont pas sans remède, il faut savoir avant tout qu’aucun homme injuste ne l’est volontairement ; car personne ne consent à loger chez soi les plus grands maux qui soient au monde, bien moins encore dans la partie la plus précieuse de lui-même ; et l’ame est, comme nous avons dit, ce qu’il y a véritablement en nous de plus précieux ; personne ne peut donc volontairement y recevoir le plus grand des maux et passer toute sa vie avec un si mauvais hôte. Ainsi le méchant, et quiconque a l’ame malade, est digne de pitié : mais il faut surtout réserver cette pitié pour celui dont les maux laissent quelque espoir de guérison ; il faut à son égard réprimer sa colère, et ne point se laisser aller à des emportemens et d’aigres réprimandes qui ne conviennent qu’à une femme. Si l’on doit donner libre carrière à son indignation, ce n’est que contre les méchans entièrement livrés au vice et incapables d’amendement. Voilà ce qui nous a fait dire que le caractère de l’homme de bien devait être mêlé de force et de douceur. Le plus grand mal de l’homme est un défaut qu’on apporte en naissant, que tout le monde se pardonne, et dont par conséquent personne ne travaille à se dé-