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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/443

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avons entrepris de fonder sera très-peu éloigné de cet exemplaire immortel, si l’exécution répond au projet, et on doit le mettre le second. Pour le troisième, nous en exposerons le plan dans la suite, si Dieu nous le permet. Mais présentement parlons du second ; quel est-il, et comment se forme-t-il ?

D’abord, que nos citoyens partagent entre eux la terre et les habitations, et qu’ils ne labourent point en commun, puisque, comme il a été dit, ce serait en demander trop à des hommes nés, nourris et élevés comme ils le sont aujourd’hui. Mais que dans ce partage chacun se persuade que la portion qui lui est échue n’est pas moins à l’État qu’à lui, et que la terre étant la patrie, il faut l’honorer plus que des enfans n’honorent une mère, d’autant plus qu’elle est une divinité, et à ce titre souveraine de ses habitans, qui ne sont que des mortels[1]. Qu’ils aient les mêmes sentimens de vénération pour les dieux et les démons du pays ; et, afin que ces sentimens se conservent toujours dans leur cœur, on aura grand soin de ceci, que le nombre des foyers, tel que nous l’avons fixé, soit

  1. Allusion à la Δημήτηρ (γῆ-μήτηρ), Cérès, divinité essentiellement attique.