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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/656

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presque toutes les villes de la Grèce. Lorsque quelque corps de magistrature fait un sacrifice au nom de l’État, on voit venir, non pas un chœur, mais une multitude de chœurs, qui, se tenant non pas [800d] éloignés mais quelquefois fort près des autels, accompagnent le sacrifice de toutes sortes de paroles funestes, et troublent l’âme des assistants par des mesures et des harmonies lugubres ; en sorte que le chœur qui réussit le mieux à mettre promptement toute la ville en larmes est celui qui remporte la victoire. N’abolirons-nous point un pareil usage ? Et s’il est quelque circonstance où l’on doive faire entendre aux citoyens des chants de tristesse, dans certains jours qui ne sont pas purs mais funestes, ne vaudrait-il [800e] pas mieux payer pour ce triste emploi des chantres étrangers ? et ne serait-il point convenable de faire, pour ces sortes de chants, ce qui se pratique dans les convois funèbres pour lesquels on paie des musiciens qui accompagnent le corps jusqu’au bûcher avec une harmonie carienne[1] ? Les couronnes et les parures où brillent l’or ne conviennent pas davantage à ces chants lugubres ; mais plutôt la robe longue, et, pour le dire en un mot, un ajustement tout contraire ; car je ne veux pas m’arrêter plus long-temps sur

  1. C’est-à-dire ou lugubre ou barbare.