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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/661

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musique, et se serviront de leurs talents sans rien accorder à ce qui leur serait inspiré par le sentiment [802c] du plaisir ou quelque autre passion, si ce n’est en très peu de choses, leur développant les intentions du législateur et les obligeant à se laisser diriger par eux dans la composition des chants, des danses, et de tout ce qui concerne la chorée. Toute pièce de musique où l’on a substitué l’ordre au désordre, et où l’on n’a fait nul usage de la muse flatteuse, en vaut infiniment mieux. Pour l’agrément, il est commun à toutes les muses. En effet celui qui depuis l’enfance jusqu’à l’âge de maturité et de raison a été élevé avec la muse amie de la sagesse et de l’ordre, [802d] lorsqu’il vient à entendre la muse opposée, ne peut la souffrir et la trouve indigne d’un homme libre ; pareillement quiconque a été accoutumé de bonne heure à la muse vulgaire et pleine de douceur, se plaint que l’autre est froide et insupportable. Ainsi, comme je viens de le dire, il n’y a point de différence entre ces deux muses, par rapport au plaisir ou au dégoût qu’elles peuvent causer : mais la première a cet avantage, de rendre ses élèves meilleurs ; au lieu que l’effet ordinaire de la seconde est de les corrompre.

CLINIAS.

Tu as raison.